Franck Lavogez, Président d'honneur de FACE Loire Atlantique, a été directeur France/Ouest chez Manpower. Jacky François en est le responsable RSE. Tous deux ont été à l'origine de FACE Loire Atlantique en 2006. Ils témoignent de leur engagement et nous apportent leur vision sur l'évolution de l'association.
Votre entreprise est engagée dès le début de l’aventure de FACE Loire Atlantique en 2006, pourquoi ?
Franck Lavogez (à gauche sur la photo) : Manpower, par son activité de connexion de compétences aux entreprises, contribue depuis toujours à rétablir, à son échelle, une meilleure égalité des chances devant la recherche d’emploi. Dans la culture Manpower, il est ancré que seules les compétences et la motivation comptent, tout autre critère d’exclusion étant, soit un délit, soit une grossière erreur de stratégie des entreprises qui se privent de talent pour de mauvaises raisons. Il me paraissait évident qu’après les émeutes des quartiers de 2005, la situation de jeunes qui avaient cru (ou leurs parents) à la vertu de l’école, et qui se retrouvent exclus du marché de l’emploi pour des raisons d’adresse (QPV) ou de patronyme, était inadmissible et dangereuse pour notre démocratie.
Il fallait faire quelque chose. J’ai donc créé en 2006 un dispositif particulier, non commercial, qui visait à sélectionner une promotion de 12 jeunes de quartier sans emploi titulaires d’un diplôme (peu importe lequel), de mobiliser un réseau d’entreprises et de parrains et de les suivre jusqu’à l’embauche. On l’a appelé JOB ACADEMY. J’ai ainsi fondé le club FACE Loire Atlantique sur cette base, avec Manpower et quelques autres entreprises qui partageaient le même constat, et on a porté l’action auprès des institutions locales avec, entre autres, le soutien appuyé du maire M. Jean Marc Ayrault, d’Audencia et d’autres acteurs locaux.
Ci-contre, en 2006, la 2ème promotion Job Academy parrainée par Audencia
Jacky François : En 2006, c’est l’année où, avec Franck, nous créons aussi une agence Manpower Diversité située au cœur même des quartiers. À titre expérimental, l’objectif était de venir au-devant des jeunes qui n’osaient pas pousser la porte de nos agences et de leur consacrer un temps supplémentaire en matière d’accompagnement (projet professionnel, formation complémentaire…).
Cet engagement s’inscrivait dans la logique de la DR Ouest Manpower avec un partenariat riche avec la Mission Locale où la RSE a pris tout son sens dans l’accompagnement de ces jeunes vers l’emploi.
Ci-contre la 1ère promotion Job Academy parrainée par Manpower.
Quel est votre meilleur souvenir, l’action dont vous êtes le plus fier ?
FL : Je suis fier que 17 ans après sa fondation en Loire Atlantique, ce Club soit encore actif, qu’il ait acquis une taille conséquente (15 salariés) et soit en bonne santé financière. Je suis fier également que les actions de FACE Loire Atlantique se diversifient sur d’autres champs que l’emploi, et que FACE colle aux exigences de l’actualité sociale. En termes d’action, je suis fier de Baraka, une variante de Job Academy qui s’adresse à un public de réfugiés. Le défi est encore plus difficile compte tenu des problèmes de langues et des préjugés sur l’arrivée de migrants qui persistent dans les esprits. Nous allons intensifier cette action.
Ci-contre une promotion de Baraka.
Un autre bon souvenir, c’est paradoxalement les critiques que j’ai reçues sur le nom JOB ACADEMY. « Ça ne fait pas sérieux » (c’était l’époque de STAR Academy …).
On a réussi à convaincre que l’on pouvait travailler sérieusement sur des sujets d’insertion sans être sinistre ou misérabiliste.
Il y a une certaine joie contenue dans les Job Academy, grâce aux chargées de mission de FACE, aux coaches et à la solidarité de la promotion. D’ailleurs cet esprit a permis de passer au mieux les périodes de confinement COVID. Il faut le préserver.
Ci-contre un atelier pour apprendre à mieux se connaître et reprendre confiance.
JF : 2 choses dont je suis le plus fier ; personnellement, c’est tout d’abord la confiance que mon entreprise Manpower m’a accordé sur le sujet de l’insertion (Responsable RSE depuis 2006) valorisée par notre engagement sans relâche et les actions menées au sein de FACE Loire Atlantique depuis près de 20 ans et puis, tout simplement, la fierté de pouvoir contribuer (même de façon minimale) à l’épanouissement d’une personne dans son projet professionnel, quelle que soit l’action.
Ci-contre Jacky entourée de jeunes de 100 Chances, 100 Emplois.
Depuis l’origine, comment voyez-vous l’évolution de FACE Loire Atlantique ?
FL : Sa croissance est flagrante mais toujours cohérente avec les besoins en financements, publics ou privés.
Faire vivre une association est un exercice d’équilibriste, entre le besoin d’investir pour mener à bien d’autres actions d’intérêt général, et la nécessité de pouvoir les financer. FACE ne s’est pas égarée en dehors de sa Raison d’Être et continuera dans ce sens. FACE est un PONT entre les mondes Privé/Public ou ESS/Entreprises ou École/entreprises. Cette position est rare et fait la spécificité de FACE. D’autant que chaque action est mesurée et peut faire état de son efficacité. Nous pouvons encore renforcer ce rôle de médiateur en accueillant de nouvelles entreprises adhérentes et en contractant localement de nouveaux projets avec les institutions politiques et sociales locales et d’autres associations partenaires.
Ci-dessus une visite d'entreprise pour les bénéficiaires de l'action FACE ô Femmes.
JF : Du fait de son expérience, FACE 44 est devenu incontournable dans le champ de l’insertion sur le territoire, elle a le mérite de rassembler les institutions publiques, les entreprises, les coachs bénévoles vers un même et unique objectif, celui d’aider toute personne discriminée à l’emploi, que ce soit depuis la scolarité et ce, jusqu’aux publics seniors.
Et ça, c’est un challenge formidable que relève en permanence FACE Loire Atlantique et ses partenaires depuis 2006 et, au vu de la situation sociale toujours plus préoccupante, FACE est, et restera, un acteur majeur et indispensable pour que chacun puisse avoir sa place dans la société.
Propos recueillis par Joëlle Martin