Accompagner le retour de longue maladie, comment l'entreprise peut agir?

  Que ce soit en tant que malade ou aidant, qui n'a pas, dans son environnement proche, une personne touchée par une situation de longue maladie ? Ce sujet d'actualité, qui concerne la plupart d'entre nous, a été le thème du dernier petit déjeuner organisé, le 28 novembre dernier par FACE Loire Atlantique, l'ANDRH 44, AG2R La Mondiale, la Ligue contre le Cancer 44 et la CNIEG.

 

   L'intitulé exact de cette conférence particulièrement intéressante était : Accompagner les salariés touchés par une longue maladie, quels impacts pour votre entreprise ?

 

 Suivie par quelque 60 participants, elle a été animée par Nicole Guelard, Chargée de développement activités sociales à AG2R La Mondiale (sur la photo ci-dessus)

 

Danièle Piat (ci-contre sur la photo) chargée de mission à la Ligue contre le cancer en Loire Atlantique - Lig’Entreprises - a rappelé la place du malade et de l’aidant dans l’entreprise et présenté les solutions d’accompagnement possibles.

 

 9,9 millions de personnes (un quart de la population) en âge de travailler, vivent avec une maladie chronique.

 Seules 2,5 millions d’entre elles demandent la reconnaissance de leur handicap. Rien que pour la pathologie cancéreuse, en France, 3,8 millions de personnes vivent avec un antécédent de cancer.

En Loire Atlantique, en moyenne chaque année, 2 900 actifs apprennent qu’ils ont un cancer.

1 femme sur 2 et 1 homme sur 3 seront amenés à concilier cancer et vie professionnelle.

 

 A cela, il faut ajouter les 11 millions d’aidants en France, soit 1 personne sur 6 :

 • 2 sur 3 sont des actifs

 • 38% des français ont été aidants de personnes atteintes de cancer au cours des 5 dernières années

 • 59 % des aidants de personnes atteintes de cancer déclarent que cette situation a eu un impact sur leur activité professionnelle - difficultés de concentration (24%), perte de performance (18%), absences répétées (16%), changement d’activité (6%).

La réponse des entreprises ne peut donc pas rester individuelle. Les enjeux deviennent collectifs et demandent une organisation au sein de l’environnement professionnel. Accompagner le retour du salarié est essentiel.

 En 1960, seulement 1 personne sur 5 guérissait de son cancer. Aujourd’hui, c’est plus d’une personne sur 2 qui en guérit.

 Grâce à cette formidable avancée de la médecine, le retour en entreprise de toutes ces personnes qui ont réussi à vaincre le cancer – et toute autre maladie grave – est devenu un vrai enjeu de société.

 

 Le comité 44 de la Ligue contre le Cancer développe depuis de nombreuses années des compétences dans l’accompagnement du maintien et du retour au travail de personnes touchées par la maladie. « Il s’agit de considérer les capacités et les ressources des individus plutôt que leurs limitations ou restrictions d’aptitude, a expliqué Danièle Piat. Mais sans accompagnement, il est difficile pour le salarié comme pour son employeur d’envisager les événements sous cet angle. Le problème est que le salarié perd confiance en lui car il mesure ses compétences à la hauteur de ce qui est perdu, aux séquelles physiques et psychiques. Il craint le regard des autres. Il ne se reconnait plus dans le stress lié au travail, dans l’exigence de la performance. Il est en quête de sens. Cette quête est renforcée par l’idée que la maladie peut revenir ».

Et de son côté, l’entreprise s’interroge : Il a fallu s’organiser pendant l’absence du salarié : que faire du remplaçant ? Doit-on réorganiser les tâches ? Lorsque l’arrêt est long, l’entreprise a évolué dans son organisation, ses outils, ses personnels. Ce salarié qui revient après cette épreuve a forcément changé. Comment ? Quelles adaptations, quelles formations va-t-il falloir mettre en place ? Et quand ?

  

« Dans le cas du cancer, la date de reprise est toujours très incertaine, reprend Danièle Piat. Tout cela engendre des coûts, des efforts de la part des équipes qui ne sont pas toujours compatibles avec l’exigence de production ».

  

Il existe des solutions d’aide à la reprise : Visite de pré-reprise, temps partiel thérapeutique, aménagement du poste de travail… Si elles sont très importantes, elles ne donnent cependant pas de solutions pour répondre aux aspirations du salarié et de son équipe de travail (Lire à ce sujet notre article : Après la maladie, concilier vie personnelle et vie professionnelle).  

Dans l’entreprise, la démarche Lig’entreprises vise à mener des actions de sensibilisation pour prévenir du risque de désinsertion professionnelle.

 

A LIRE AUSSI NOTRE ARTICLE :

Après la maladie, savoir concilier vie personnelle et professionnelle

 

De son côté, Estelle Moinard, Juriste et Directrice du CIDFF 49 a expliqué les nouvelles législations et dispositifs légaux en matière de rémunération des aidants. En cas de maladie, il y a suspension du contrat de travail. A noter, le salarié est protégé contre le licenciement (Interdiction des discriminations - article L1132-1 et L1133-3 code du travail). Par ailleurs, sauf inaptitude constatée par le médecin du travail, le licenciement motivé par l’état de santé du salarié est nul.

 

 Les droits des proches aidants

 Etre salarié aidant, c’est pouvoir concilier vie personnelle et familiale et vie professionnelle.

 Ainsi, les mesures en faveur des salariés aidants contribuent à améliorer la QVT (Qualité de Vie au Travail) grâce à l’aménagement des horaires de travail (art L3121-49 code travail) ; mais aussi la réduction du temps de travail, les congés spécifiques - congé de solidarité familiale, congé de soutien familial (congé proche aidant) ou le don de jours de repos non pris.

 

Enfin, Sylvia Porta, Responsable de l’action sociale Bretagne Pays de la Loire pour l’engagement sociétal de AG2R La Mondiale, a présenté le programme "Branchez-vous santé".

   

Il s’agit d’installer un socle de prévention pour accompagner les branches professionnelles à impulser et développer une démarche de prévention des risques. Mais aussi de développer des actions de prévention adaptées aux spécificités des métiers de chaque branche professionnelle.

 

Au cours de ce petit déjeuner, plusieurs entreprises ont évoqué les dispositifs qu'elles ont pu mettre en place pour faciliter le retour du salarié au travail.

 

S’investir dans cette quête des nouvelles capacités et ressources est ainsi bénéfique, sur un plan humain bien sûr mais également économique.

 

Un grand merci aux intervenants.es et à la CNIEG - Alain Fabre et Christele Andreyevitch - pour leur disponibilité et leur accueil.